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L'introduction s'ouvre sur une question d'éthique, que la nature du projet ne permet pas d'esquiver : comment s'autoriser au dévoilement du système, face à l'évidente volonté de secret de Paul Valéry ?
La mise au point s'adresse au lecteur qui pourrait craindre que le nouveau regard ne dénature le charme des poèmes. La meilleure, et même la seule justification de l'entreprise, c'est qu'en se dévoilant, l'autre face du charme ne fait autre chose que rendre plus absolu encore le charme déjà opérant. Les perfections du niveau phonémique méritent qu'on réactualise, à leur sujet, la notion de Grand oeuvre, - à la condition de donner au terme une acception nouvelle : celle que lui confère son extraordinaire type de genèse. S'il est vrai qu'un puissant ésotérisme s'en dégage, nous peinons à le définir tant il est original. Mais il est clair qu'il devance les temps futurs, plutôt qu'il ne reproduit un modèle antérieur, qu'on chercherait d'ailleurs en vain.
Ce qui entraîne la question de l'existence même du grand dessein et de sa mathématique secrète, que l'évidence des colonnes va bientôt révéler (au Chapitre 2). Divers facteurs pouvaient expliquer qu'ait pu naître par avance, chez Paul Valéry, l'idée de se protéger efficacement du lecteur trop pressé, en lui imposant, par une stratégie appropriée, le temps d'initiation sans lequel la précieuse "seconde lecture" lui resterait inaccessible. Un émerveillement absolu se mérite : à sa nouvelle dimension, l'œil et l'ouïe, et par eux l'esprit, doivent lentement s'éduquer.
Une comparaison avec Proust, centrée sur leurs stratégies respectives "de l'araignée", amène à conclure à plus de ressemblances que de différences.
Un parallèle avec Henri Michaux lui fait suite, et nous guide, quant à lui, vers l'obscur royaume souterrain, où chacun a, pour combattre l'Ennemi, sa manière propre.
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